La céramique chinoise et l’invention de la porcelaine
La composition
Les objets en céramique sont façonnés à base d’argile, et cuits dans un four, ce qui les rend imperméables et résistants.
Le matériau de base est riche en minéraux.
Kaolin, silice et feldspaths rendent l’argile souple et facile à modeler, dans n’importe quelle forme, et résistante à la cuisson. Les feldspaths, qui contiennent du sodium, du potassium ou du calcium, permettent de réduire les températures de fusion des silicates, qui durcissent l’objet.
Crédit photo : Sylvie Henrionnet
Crédit photo : Sylvie Henrionnet
Le décor
Il peut être réalisé à cru ou après la vitrification, obtenue par cuisson à haute température. Poterie, faïence, grès ou porcelaine ont leurs techniques propres qui les différencient.
Les couleurs sont restreintes jusqu'au XVIIIe siècle, car les oxydes métalliques connus sont peu nombreux, cobalt pour le bleu, cuivre pour le vert, rouge manganèse pour le jaune, fer pour les brun, jaune et rouge. Au XIXe siècle, les couleurs obtenues avec du chrome permettent d’avoir plusieurs nuances de rouge ou de bleu.
Un engobe ou glaçure, (argile liquide coloré) peut remplacer le ou les oxydes, pour recouvrir, ou décorer, le plus souvent à l’état cru, tout ou partie du biscuit.
La cuisson
L’objet modelé ou tourné puis séché est enfourné, puis cuit, ce qui permet aux particules de silice de se lier, réduit la taille des pores du matériau, et le rend lisse. La pâte est vitrifiée et les couleurs fixées. Elle se transforme irrémédiablement en une autre matière, poterie, faïence, grès ou porcelaine.
Les poteries ordinaires, ainsi que les grès ont besoin d’une seule cuisson.
Les faïences grand feu, les poteries vernissées, la porcelaine subissent deux cuissons, le dégourdi qui déshydrate la pâte, puis la grande cuisson après la pose du décor ou de la glaçure.
La porcelaine décorée et la faïence au petit feu subissent encore plusieurs cuissons afin de fixer le décor.
Crédit photo : Sylvie Henrionnet
Les fours
Parmi les plus importants, on connait les fours longyao, et les fours mantouyao.
Les premiers, appelés fours dragon ou fours tunnel sont utilisés sous les Shang, dans la province du Zhejiang. Leur longueur peut dépasser quatre-vingt mètres. Chauffés au bois, leur température peut atteindre 1 200°C.
Les seconds, également connus sous le nom fours miche, sont utilisés à la même époque dans les plaines centrales de la Chine, puis un peu plus tard, dans le Nord. Alimentés au charbon, ils peuvent atteindre 1 300°C, en atmosphère réductrice. À la différence des fours longyao, leur capacité est assez limitée.
Un peu d'histoire
Si la céramique archaïque chinoise date de l’époque néolithique, les premiers fragments de protoporcelaine sont datés vers 1000 avant J.C.
Il semble que la première « vraie » porcelaine connue, soit produite dans la province de l’actuel Zhejiang, en 200 avant notre ère.
Le processus de fabrication restera secret, jusqu’au XVIIIe siècle. En 1712, le missionnaire jésuite, François Xavier d'Entrecolles décrit, dans une lettre, comment la pierre de porcelaine est broyée, raffinée puis transformée en petites briques blanches, appelées "baidunzi", avant d’être cuite à différents stades de température.
Quelques exemples de production
Les artisans rivalisent d’ingéniosité et ne cessent d’innover. Une production d’exception appréciée dans le monde entier ainsi que de nombreux sites majeurs, sont pour la Chine une fierté nationale. L’histoire de la céramique chinoise ne peut être abordée, ici, de façon exhaustive, quelques lignes cependant pour illustrer la production des dynasties Tang et Song.
Les "sancai"
Ce terme, littéralement trois couleurs, désigne un type de céramique dont la glaçure comporte trois couleurs, au moins.
Les sujets ainsi émaillés sont souvent des figurines à usage funéraire- substituts de ceux ayant accompagné, le défunt de son vivant – qui représentent des chameaux, des chevaux, mais également des serviteurs, danseurs ou des objets usuels.
Produits sous les Tang, dans la province de l’actuel Henan, corps et têtes étaient moulés en plusieurs parties, puis assemblés par une barbotine.
La porcelaine de Jian
Cette porcelaine noire, principalement des services à thé, est fabriquée à Jianyang dans la province de Fujian, sous la dynastie Song, suivant un mélange très particulier contenant de la cendre. Les bols sont cuits par milliers, mais chacun est unique, plus épais à sa base, il maintient la chaleur, de sorte qu'une fois chauffé, il refroidit très lentement. A l’époque des Song, aucun autre bol ne peut rivaliser, et les Japonais les apprécient et les copient en les nommant temmoku.
La porcelaine bleu-vert de Qingbai
Elle est produite à Jingdezhen voire dans d'autres fours méridionaux sous les Song, jusqu'au début du XIVe siècle. Fine et très résistante, d’un vert bleuté, elle porte souvent de petites incisions. La plupart des pièces existantes sont des bols. Nombreux étaient cuits à l’envers, avec le bord non vitrifié, quelquefois orné par la suite de bandes d'argent, de cuivre et de plomb. Le vase Fonthill, offert au pape Benoît XII par le dernier empereur Yuan en 1338, fabriqué à Jingdezhen est décrit dans un guide de l'abbaye de Fonthill (Irlande) comme étant le premier spécimen de porcelaine introduit en Europe.
Jingdezhen
Ce site majeur de production connu dès le début de la dynastie Han, est nommé en 1004, par l'empereur Jingde, centre de production de la porcelaine impériale.
La qualité excelle dès le XIIe siècle et connait, avec la porcelaine « bleu-blanc », son apogée sous la dynastie Ming (1368-1644).
Sous les Qing, avec la multiplication de types de porcelaines extrêmement raffinées - « famille rose » et « famille verte » - , les exportations vers l’Europe ne cesseront de s’intensifier.
Faux et reproductions
Quel que soit le pays ou la civilisation, les artistes, sculpteurs, peintres ou potiers se sont souvent inspirés de leurs pères, ou de leurs techniques.
Les potiers Chinois n’y ont pas dérogé, souvent même encouragés par la cour impériale. Cette pratique complique évidemment l’identification d'une pièce et sa datation, mais ne peut être considérée comme fabrication de faux.
Cependant, la liste est longue des faux délibérés et reproductions étonnantes, produits au cours des siècles et qui continuent de l’être.
Céladons de long Quan, statuettes Tang, porcelaines « bleu et blanc » de la période Kangxi ou de la compagnie des Indes etc. ont quelquefois abusé les experts et trônent de nos jours, dans les musées.
Authentification
L'authentification de la porcelaine chinoise s’avère difficile, la thermoluminescence est couteuse mais permet d’obtenir de bons résultats. Elle implique cependant de prélever un échantillon sur le produit, ce qui peut être risqué.
L’étude des sceaux peut s’avérer intéressante, bien que ceux-ci aient pu être reproduits à l’identique à des périodes tardives.