La Chine des Ming. Les arts (1368-1644)

La dynastie Ming

L'âge d'or du mobilier chinois

C'est sous la dynastie des Ming que le mobilier chinois trouve véritablement son style.
Sièges, tables, paravents, cabinets, consoles, commodes, armoires et bibliothèques séduisent les lettrés et la cour, par leur sobriété et l'élégance de leurs lignes, aux courbes douces.

Les assemblages avec tenons et mortaises, ingénieux, complexes, soulignent sans ostentation, des lignes harmonieuses et intemporelles.

Quelquefois sculptés de frises simples, élégantes, souvent géométriques, les meubles sont fonctionnels, racés toujours admirablement proportionnés.

Le huali (bois de rose), essence privilégiée, est poli, doux au toucher, quelquefois vernis de sorte à magnifier son veinage.

Quelques exemples de meubles épurés et intemporels, fabriqués par des artisans souvent anonymes.

Chaise
Console de table
Huang Huali
Table Ming

Histoire

En 1368, les Han, avec à leur tête un moine paysan, conduisent une insurrection contre la dynastie Yuan, fondée par les mongols, soumettent Nankin, Canton, puis Pékin, boutent les Mongols au Nord, et fondent la dynastie des Ming.

Après le règne de l'empereur Shenzong (1573-1620), la dynastie commence à décliner, la pression des européens s'accentue, ses dernières années sont gangrenées par la corruption et les complots de fonctionnaires eunuques. Le danger viendra du nord, à la fin du XVIe siècle avec l’offensive des Mandchous, qui voit tomber Beijing en 1644.

Religion

Les croyances religieuses sont partagées entre trois enseignements, confucianisme, taoïsme, et bouddhisme. Les croyances et pratiques populaires, issues de trois traditions, rapprochées par syncrétisme, sont considérées par les élites confucianistes, comme trois voies pour décrire de mêmes valeurs, qu'il faut s’efforcer de concilier.

Les tensions entre les différents courants ne sont cependant pas absentes. Le pouvoir impérial, appuyé par les lettrés confucéens, cherche à certaines époques, à réguler le nombre de moines, mais Le bouddhisme garde un pouvoir d'attraction jamais démenti, au sein de la population.

Buddha Ming

Héritage culturel laissé par les Ming

L'influence régionale et mondiale de la Chine atteint son apogée avec l’empereur Ming Chengzu, connu dans l’histoire sous le nom de Yongle, qui passe à la postérité, pour ses réalisations architecturales, et culturelles.

Trois personnalités, une encyclopédie, des romans fameux, témoignent de l’incroyable effervescence littéraire à cette période, qui légitime son renom, et lui permet de rivaliser en notoriété, avec les dynasties Han et Tang.

Yongle
Zheng He

Zheng He (1371-1433)

Amiral, chargé par l’empereur d’explorer le pacifique et l’océan indien, mène en vingt-huit ans, sept expéditions qui le conduisent en Afrique orientale, mer Rouge et peut-être Amérique, plusieurs dizaines d'années, avant Christophe Colomb.

Ses expéditions ont participé au rayonnement culturel et commercial de la Chine.

Li Che-tchen (1518-1593)

Eminent herboriste, naturaliste, acupuncteur et médecin chinois, il écrit le « Compendium de matière médicale », livre le plus documenté et le plus érudit de médecine traditionnelle chinoise, toujours consulté aujourd'hui.

Wang Yang ming

Wang Yang ming (1472-1529)

Durant le règne de l'empereur Jiajing, ce haut fonctionnaire et philosophe néo-confucéen représente « l'École de l'Esprit ». Selon lui, l'esprit et le principe ne font qu'un.

Cette position manifeste l'influence du bouddhisme dans la pensée des lettrés confucéens à cette époque. Toute l'histoire des idéaux des XVIe et XVIIe siècle, fera référence à lui, d'une manière ou d'une autre.

Encyclopédie de Yongle

La rédaction de cet ouvrage - compilation de toutes les connaissances, depuis l’antiquité- premier du genre, nécessite le travail de deux mille savants qui oeuvrent sous la direction de l’empereur.

Environ 8 000 textes y sont consignés. Ils traitent de l'agriculture, des arts, de l'astronomie, la géologie, l'histoire, la médecine, les sciences naturelles, la religion ou la technologie. S’y ajoutent des descriptions d'événements naturels inhabituels ou inexpliqués.

L'Encyclopédie, achevée en 1408 à l'Université de Nankin, compte 11 095 volumes pour un total d'environ cinquante millions de sinogrammes.

Seuls quelques articles ont survécu.

Encyclopédie de Yongle

Classiques de la littérature chinoise

Parmi les contributions de l'époque Ming, trois romans « La Romance des Trois Royaumes », « Au bord de l'Eau » et « Le Voyage vers l’Ouest » comptent, aujourd’hui encore, parmi les plus appréciés de la littérature chinoise.

Exemple d'un livre

Les arts

La dynastie des Ming réputée pour la beauté de ses jardins, dont certains sont parvenus jusqu’à nous, est également renommée pour ses innovations dans l’art de la céramique ainsi que pour ses monuments et palais.

Les jardins

Les jardins très prisés des lettrés, sont en vogue sous les Ming. Fiertés nationales, entretenus depuis des siècles, souvent remaniés sous la dynastie des Qing, certains sont inscrits au patrimoine de l’UNESCO.

Chef d’œuvres d’aménagement, ils sont connectés entre eux par de petits cours d'eau, qui coulent sous des ponts enchanteurs, grâce à l’utilisation ingénieuse de bassins. De nombreux pavillons, coursives, rocailles, et arbres centenaires créent une atmosphère sereine et harmonieuse.

La ville de Suzhou dans la province du Jiangsu, est célèbre pour ses jardins, dont celui de « l’humble administrateur » qui date de cette époque.

Jardin classique ming

La porcelaine

Sous les Ming, les relations commerciales avec l’occident se développent, et le centre de Jingdezhen produit une porcelaine destinée à l’exportation vers l’occident. Les potiers chinois s’adaptent avec une adresse remarquable, aux exigences et aux goûts des acheteurs du monde entier. Dès la fin du XVIIe siècle, ils produisent des services de table complets qui sont acheminés, vers l’Europe notamment, par bateau.

Certains fours se distinguent par des techniques novatrices, telle la porcelaine « peau d’orange ». Ce genre de couverte « tsong-yen » provient d'un retrait, opéré pendant la liquéfaction, qui, au lieu de produire un craquelé, se traduit par des gouttelettes irrégulièrement semées.

Porcelaine ming
Céramique sang de boeuf

La porcelaine monochrome rouge de cuivre, rouge profond, dont l'émail vitreux est sillonné de coulées bleutées, sous une couverte plus ou moins translucide, qui apparait sous le règne de l’empereur Kangxi (1662-1722) connaitra une production spectaculaire sous l’appellation « sang de bœuf ».

L'architecture

La ville de Pingyao, ancienne cité fortifiée au centre de la province du Shanxi, est une des villes de style Ming, les mieux conservées. Elle appartient au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1995.

La partie de la Grande Muraille, située au nord et au nord-ouest de Pékin (partie la plus largement visitée) témoigne également de cette époque.

C’est également sous les Ming que furent construits, en 1420, le temple du Ciel, puis le premier Palais impérial, avec sa porte méridionale. Le palais fut détruit puis reconstruit à l'identique, et agrandit dans le même style, par le premier empereur de la dynastie Qing, pour devenir la Cité interdite, que nous connaissons aujourd’hui.

Tour de Pingyao