Bouddhisme et Art bouddhique
Qu’est-ce que le bouddhisme, comment tenter de saisir l’essentiel de cette religion-philosophie ?
Nous vous invitons, dans cette approche à découvrir l’excellent dossier « l’Essentiel du bouddhisme » d’Alain CAPOROSSI.
Son histoire en Chine
Dès son introduction en Chine, le bouddhisme séduit les lettrés, et connait un essor extraordinaire avant de subir un coup fatal à la fin du IXe siècle, même si certains ordres bouddhistes subsistent.
Dans l’histoire récente, il disparait quasi totalement entre les années 50 et 60, mais connait depuis la fin des années 1970, comme les autres religions, une résurgence.
Prémices (I-IIIe siècle)
Cette période correspond à la dynastie des Han postérieurs.
L’ouverture de la route de la soie entre -138 et -126, avant notre ère favorise les échanges avec l’Asie centrale, et permet son introduction en Chine. Il est véhiculé par des ambassadeurs originaires d’Asie centrale, des marchands, des réfugiés ou des moines missionnaires.
Un témoignage attesté mentionne en 68, la fondation du premier temple bouddhiste, patronné par l’empereur Mingdi.
Le bouddhisme commence à se propager au nord de la rivière Huai, et fait des adeptes parmi la noblesse, dont le prince Liu Ying, frère de Mingdi, premier bouddhiste chinois éminent.
Enracinement (IV- VIe siècle)
Les Chinois traduisent et commentent, souvent en collaboration avec les maîtres indiens, les textes bouddhiques de l’hinayana (petit véhicule), mais surtout ceux du mahayana (grand véhicule). Les traductions les plus anciennes, confrontées aux obstacles linguistiques et conceptuels, dans l’approche d’une pensée qui leur est étrangère, ne restituent que partiellement la spécificité de l’enseignement du Bouddha.
À partir du Ve siècle, de nombreux moines arrivent d’Asie centrale ou d’Inde apportant avec eux de nouveaux textes, dont la traduction est commanditée par les souverains.
Le maître indien Kumarajiva
Disciple de Fotucheng, il dirige de nombreuses traductions et marque une étape importante dans l'établissement de la doctrine mahayana. Ses travaux de traduction et son enseignement forment une génération d'authentiques penseurs. Parmi ses disciples, le plus célèbre Tao-cheng s'installe dans le Sud, et y enseigne une théorie selon laquelle, la présence innée de la « Nature du Bouddha » se trouve dans les êtres vivants, qui peuvent tous devenir des bouddhas. Il oppose le subitisme mahayaniste (grand véhicule) au gradualisme de l’hinayana (petit véhicule), estimant que le premier répond mieux à la mentalité chinoise, encline à saisir le tao, par une intuition directe et synthétique.
Une figure marquante Daoan (312-385)
Son action est décisive pour l'enracinement du bouddhisme dans la Chie du Nord. La méthode qu’il encourage, consiste à traduire et à interpréter les textes bouddhiques, avec des thèmes et des idées tirés du taoïsme, selon une interprétation par analogie.
Son influence s'exerce également dans la Chine du Sud, où son disciple, Huiyuan (344-416) enseigne la dévotion à Maitreya, bouddha du futur. Ce culte est à l'origine du culte d'Amitabha, que pratiquent les adeptes de l'école jingtu « Terre pure », une des écoles les plus répandues en Chine.
Xuan Zang
Son immense savoir, sa vraie humilité, son périlleux pèlerinage en Inde (entre 627 et 645), et les travaux de traduction qu'il entreprend à son retour, en font une figure marquante de cette époque.
Durant son séjour en Inde, Xuan Zang étudie plus particulièrement la philosophie mahayaniste qu'il connait déjà, et participe à des débats doctrinaux avec les plus éminents érudits indiens.
Le système idéaliste de cette philosophie qu'il introduisit en Chine, constitue le fondement de l'école faxiang.
Assimilation
Cette période correspond à de grands bouleversements politiques et sociétaux qui favorisent sa propagation. De fait la Chine est divisée en deux parties, celle du Nord et celle du Sud.
Au Nord, les princes mongols encouragent une religion qui leur permet de trouver un terrain d'entente avec le peuple soumis. Le royaume des Wei est le premier à faire du bouddhisme une religion d’État.
Mais, Nord ou Sud, les misères du temps et les incertitudes de l'avenir, poussent à la recherche d’un refuge spirituel. On assiste à des conversions massives au bouddhisme et l’empereur Mingdi des Jin orientaux, est dans la Chine du Sud, le premier souverain officiellement converti.
Age d’or (VIIe siècle à 845)
Après plusieurs siècles d'assimilation et de recherches, les Chinois finissent par donner au bouddhisme, définitivement adopté, une forme qui leur est propre. Sous les Sui (581-618), le bouddhisme devient religion d’État. Le monastère Jingtu est parrainé par le gouvernement, c’est le plus grand centre bouddhique de Chine.
Les empereurs Tang (618-907) adoptent le taoïsme, mais le bouddhisme conserve leur soutien et les théories des différentes écoles passionnent l’aristocratie cultivée. Le soutien impérial implique néanmoins un certain contrôle sur le fonctionnement des institutions.
Nouveaux courants
On assiste au développement de nouveaux courants, alors que le bouddhisme chinois se diffuse vers la Corée et le Japon.
Un corpus important ayant déjà été traduit, les chinois cherchent à résoudre les contradictions entre les différents textes, d’époque et d’écoles différentes, s’efforçant d’échafauder des systèmes cohérents intégrant les concepts philosophiques et religieux locaux.
L’intérêt de l’aristocratie pour le bouddhisme est en partie lié à l’engouement des classes cultivées pour les théories brillantes et nouvelles, celles notamment véhiculées par le bouddhisme tantrique.
Particularités et rejets
Le plus souvent, les adeptes du bouddhisme n’abandonnent pas leurs autres pratiques religieuses. Ainsi, le mélange des éléments bouddhistes et taoïstes, est-il caractéristique du bouddhisme chinois dans son ensemble, au point qu’il est quelquefois impossible de démêler précisément enseignements et pratiques.
Par ailleurs, l’histoire gardera la trace, à ses débuts, de ses relations privilégiées avec le pouvoir et de sa pénétration dans les couches supérieures de la société.
Le bouddhisme subit parfois des rejets violents, ses doctrines et ses pratiques doivent faire face aux virulentes critiques du confucianisme, dont l’idéal social - qui valorise la piété filiale et l’ordre familial - s’oppose notamment aux pratiques ascétiques et monastiques des moines bouddhistes.
Premiers revers
Certains monastères sont immenses et servent aussi de banques, d’entrepôts, ou de refuge lors des périodes de troubles. Ils bénéficient directement ou indirectement de mesures favorables, d’autant que les donations confèrent du prestige social.
En 420, on compte 1 768 monastères et plus de 24 000 moines et nonnes dans le Sud. 1 367 monastères sont répertoriés à Luoyang au VIIIe siècle.
Leur richesse irrite, d’autant que cette religion est étrangère et, bien que la mesure soit temporaire, l’empereur Wu des Zhou du Nord l’interdit en même temps que le taoïsme, à partir de 574.
Coup fatal
Des oppositions à la nouvelle religion font débat. Le coût financier de l’entretien des monastères et celui de la vie des moines sont considérés prohibitifs.
Après les persécutions de 626 et 714, celle de 845 porte un coup très dur. L’empereur Wuzong, fortement hostile aux religions étrangères (bouddhisme, nestorianisme, zoroastrisme), les interdit totalement.
4 600 monastères et 40 000 temples sont confisqués, 260 500 moines et nonnes renvoyés à la vie civile.
Le décret sera levé au bout d’un an, néanmoins, tout en restant la religion la plus répandue de la Chine – par ses rites, ses fêtes, il reste intimement lié à la vie du peuple –, le bouddhisme perd sa vitalité dans le domaine intellectuel.
Le déclin du bouddhisme
Après la persécution, ne subsistent de façon visible que les courants Chan et Terre Pure. Les autres écoles ne retrouvent pas leur public, leur attrait - dû à leur nouveauté - s’étant étiolé. L'expansion musulmane dans le bassin du Tarim, au cours du VIIIe siècle, amorce par ailleurs la fin de la transmission des savoirs, par la route de la soie.
Durant les siècles suivants, les écoles bouddhistes, qui ont survécu, absorbent progressivement, par syncrétisme, certaines notions du taoïsme et du confucianisme.
Le néo confucianisme prend de l’essor sous les Song, en réponse à la domination philosophique des bouddhistes, ses penseurs estimant que le monachisme en particulier et le karma, sont des notions et pratiques malfaisantes et étrangères à la société chinoise.
Histoire récente
Bien que l'éclipse du bouddhisme ne soit pas totale, il végète sans faste, n'ayant plus la force de vaincre l'indifférence des sectes rivales qui ont cessé leurs hostilités, désormais sans objet et ne redoutent plus sa concurrence.
C’est seulement à l’époque maoïste, dans les années 50 et 60, qu’il disparait quasi totalement.
Les premières écoles
Elles naissent entre le IIIe et le VIe siècle, autour des premiers soutras traduits.
L’école Sanlun ou des Trois traités traduits par Kumarajiva. Fondée par ses disciples, elle constitue la branche chinoise du madhyamika connaîtra un certain développement en Corée et au Japon.
L’école Chengshi ou Perfection de la vérité. Cette doctrine se développera au Japon sous le nom d’école Jojitsu.
L’école Huayan. Fondée sur le Sutra de l'ornementation fleurie. L’une de ses figures majeures, le bodhisattva Manjushri - connu en Chine sous le nom Wenshu Pusa, au Japon sous celui de Monju, Jampelyang Jampa au Tibet- devient sujet de dévotion. Le mont Wutai /Shanxi, où il serait apparu, est un lieu de pèlerinage bouddhiste.
L’école de la Terre Pure ou Jingtu. Fondée sur le Sutra de Vie-Infinie ,elle est remarquable par ses pratiques de récitation et de dévotion au bouddha Amitābha (Vie-Infinie). Ce courant est resté l’un des principaux du bouddhisme contemporain.
Les nouveaux courants
Sous les Sui (581-618) puis les Tang (618-907), on assiste au développement de nouveaux courants, alors que le bouddhisme chinois se diffuse vers la Corée, le Japon et le Viêt Nam. Si certaines écoles se rattachent à des courants indiens, d’autres dont les plus importantes sont typiquement chinoises. La plupart plongent leurs racines dans la période précédente, mais c'est à l'époque des Tang qu'elles prennent une forme distincte.
L'école tiantai ou Terrasse céleste. Fondée sur le Sūtra du Lotus, elle propose une théorie synthétique du bouddhisme, qui exercera une grande influence sur l'ensemble du bouddhisme extrême-oriental. Elle inspirera le courant Tendai japonais.
L’école du chan ou du sud. L’école Chan apparaît à partir du milieu du VIIIe siècle. Sa doctrine insiste particulièrement sur l'accession à l'expérience directe de l'Éveil par la méthode la plus efficace et la plus simple possible. Comme pour toutes les écoles bouddhistes chinoises, on peut voir dans sa pensée une influence taoïste.
Sous ses multiples formes, le Chan devient à partir du IXe siècle une des deux grands courants du bouddhisme chinois avec l'école de la Terre Pure (jingtu).
L’école tantrique ou secrète. Ce courant introduit par trois maitres indiens disparaîtra vite, mais s’implantera au Japon. Il désigne un ensemble de textes, de doctrines, de rituels et de méthodes initiatiques, qui ont pénétré de façon diffuse, la plupart des branches du bouddhisme.
Par la pratique de rituels et d'exercices yogiques, le pratiquant doit transmuter son corps pour l'intégrer aux forces de l'univers, atteindre la libération, sans renoncer au monde, parvenir à la paradoxale coïncidence de la divinité et de sa manifestation. La divinité a deux pôles, un pôle masculin, conscient mais inactif, un pôle féminin, actif et créateur d'énergie.
L'art bouddhique
L'art bouddhique constitue une part importante du patrimoine artistique de la Chine, et en fait le détenteur d’un immense trésor artistique, aux influences et iconographies diverses qui s’expriment avec magnificence dans l’art rupestre notamment, ainsi que dans l’architecture.
Canons esthétiques
La reprise des canons indiens
Les artistes chinois reprennent l’iconographie et les canons indiens, s’inspirant des œuvres de l’école du Gandhara, elle-même influencée par la Grèce après les conquêtes d’Alexandre Le Grand en Asie Mineure. Les représentations panhelléniques expriment un désir de réalisme, au niveau du modelé des figures et dans le traitement du vêtement monastique qui couvre les deux épaules.
Les modes de représentations s'affirment
A partir du Ve siècle, les artistes commencent à imprimer leur marque, ainsi le traitement des plis « amidonnés » ou en « ailes d’hirondelles » voient-ils le jour. Les sculptures perdent de leur rondeur, de leur ampleur, et s’allongent. Les épaules se font plus tombantes sous les Wei et les corps disparaissent sous le vêtement.
Les dynasties du Nord, dans une quête intellectuelle du bouddhisme, développent des modes de représentation symboliques et abstraits. Dans un premier temps, leur style solennel et majestueux, manque de réalisme, et se distancie de l'objectif originel du bouddhisme, qui est d’exprimer l'idéal de l'illumination, d'une manière réaliste et accessible.
L'influence Gupta
Après une période de transition sous la dynastie Sui, la sculpture bouddhique de la dynastie Tang renoue avec une expression plus réaliste, naturaliste et charnelle.
L'ouverture aux influences étrangères, ainsi que la reprise des échanges avec la culture indienne, grâce aux voyages de moines chinois en Inde, entre le IVe et le XIe siècle la fait évoluer vers une forme plus classique, inspirée de la période indienne Gupta. La capitale Chang'an (actuelle Xi'an) devint un centre important du bouddhisme, d'où il essaime vers la Corée puis vers le Japon.
Iconographie
Les bodhisattva
Introduit dans l’iconographie par Le Mahayana -branche du bouddhisme se voulant plus aisée pour le commun des mortels, que le Therevada -, le Bodhisattva est un personnage d’une extrême sagesse et d’une infinie bonté qui, sur le point de parvenir au nirvâna, bloque le processus d’accomplissement de son propre salut afin d’aider les autres à atteindre un éveil comparable au sien.
Le Bodhisattva -moine ou laïc- est vénéré par les dévots qui lui adresse suppliques et prières. Avalokitsehvara est le plus populaire d’entre eux. Sa compassion infinie s’adresse à tous les êtres humains. En Chine, elle prend le nom féminin de Guan yin.
Parmi les images dévotionnelles les plus populaires, celles représentant Guanyin, sous sa forme féminine, ont donné aux artistes l'occasion - en sculpture comme en peinture et en céramique - de jouer des courbes et contre-courbes en multipliant les rubans, les robes et les bijoux sur un corps parfois majestueux, parfois fluet et souple, selon les conventions et les modes, au fil des siècles.
Les « mudra »
Lorsqu’au début de notre ère au l’on commença de représenter le Bouddha, des gestes symboliques furent associés aux principaux épisodes de sa vie. De cette manière, malgré l’uniformité apparente des représentations, il était aisé d’ identifier l’événement évoqué. De nos jours, les mudra rituelles permettent d’identifier les différents bouddha, bodhisattva et grands personnages du panthéon bouddhique.
L’usage des « mudra » contribuera ainsi à unifier l’iconographie bouddhique dans toute l’Asie.
La main droite pointe vers la terre, les doigts touchent le sol tandis que la paume de la main gauche est tournée vers le ciel.
Dans sa dernière méditation, avant l'éveil, Bouddha subit les attaques de Mara, personnification du mal, qui tente d'interrompre sa méditation en niant la réalité de l'éveil du Bouddha, arguant qu'il n'y a pas de témoin. Bouddha touche alors la terre, pour la prendre à témoin.
Les deux mains, l'une sur l'autre, paumes vers le haut, doigts allongés reposent sur les jambes.
Ce geste est caractéristique de deux périodes de méditation durant la vie du Bouddha, pendant sa période de jeûne extrême et sous l’arbre de la bodhi avant son Éveil.
La main droite est verticale, paume dirigée vers l’avant, le pouce et l’index se touchent. La main gauche est inclinée et de biais, la paume est tournée vers l’intérieur, les doigts de la main gauche touchent la main droite.
Ce geste d’enseignement, de mise en route de la roue de la loi, symbolise le Bouddha enseignant à ses disciples.
La main droite est levée, paume en avant, doigts tournés vers l’extérieur, les extrémités du pouce et de l’index se touchent. La main gauche peut également être représentée en symétrie.
La main droite est levée, paume tournée vers l'extérieur, les doigts sont tendus vers le haut. Cette représentation rappelle la scène durant laquelle le Bouddha est attaqué par un éléphant furieux. Arrivé devant le Maître, l'animal subjugué par sa sérénité, s'arrête et s'agenouille devant lui, pour lui rendre hommage.
La main droite est ouverte, paume tournée vers l'avant, doigts tendus pointant vers le sol.
Ce geste d'offrande montre que le Bouddha ne garde rien enfermé dans sa main et que tout ce qui s'y trouve peut se répandre sur le monde.
Il existe plusieurs formes de geste d’offrande, la plus habituelle, montre les deux mains jointes et dirigées vers le haut, les paumes et les doigts se touchent.
Ce geste est attribué aux « bodhisattva » qui rendent hommage au Bouddha.
Le geste le plus fréquent montre un poing fermé, main à l’horizontale avec un l’index tendu. La main peut également être verticale, majeur, l’annulaire et le pouce repliés et les deux autres doigts levés. Ce geste symbolise la mise en garde, qui doit être comprise comme une incitation ou un rappel à la discipline.
Les symboles bouddhiques
L'ombrelle. Symbole de la dignité royale, représente la protection de la souffrance.
Les deux poissons. Symbolisent les êtres vivants qui pratiquent le dharma et ne craignent pas de se noyer dans l’océan de souffrance puisqu’ils peuvent librement choisir leur renaissance.
Le vase. Symbolise santé, longévité, richesse, prospérité, et sagesse.
La fleur de lotus. Représente la véritable nature des êtres, qui a lieu à travers le samsara dans la beauté et la clarté de l’illumination.
La conque blanche. Enroulée vers la droite- représente le son magnifique, profond, mélodieux du dharma qui éveille les disciples du profond sommeil de l'ignorance.
Le noeud infini. Représente la dépendance et l’interdépendance de tous les phénomènes et symbolise aussi compassion et la sagesse.
La bannière. Symbolise la victoire du Bouddha sur l’esprit tentateur Mara.
La roue du Dharma. Symbolise la loi bouddhiste. Elle est le symbole le plus important du bouddhisme et représente l’enseignement du Bouddha qui fût le premier à la mettre en mouvement. Elle représente aussi le cycle sans fin de la naissance et la renaissance. Quand le bouddha a prononcé son premier sermon, il a exposé sa doctrine des quatre nobles vérités et des huit marches.
Le svastika. Dans la tradition Bouddhiste, il représente souvent l’ésotérisme et peut également désigner la pluralité, l'abondance, la prospérité et la longue vie.
L'art rupestre
Le développement du bouddhisme et des représentations bouddhiques le long de la route de la soie, s'explique par la faveur dont jouit cette religion sous la dynastie des Tang des VIIe au Xe siècle.
Dans les grottes de Dunhuang, Longmen et Yungang, taillées à flanc de falaise, peintures et sculptures reflètent les influences artistiques indiennes notamment.
D'autres sanctuaires bouddhiques rupestres de moindre importance existent dans le Shanxi et le Sichuan.
Les grottes de Dunhuang (province du Gansu)
De 786 à 848, le bassin du Tarim est territoire tibétain. Son fondateur Songsten Gampo découvre alors le bouddhisme indien, et les moines bouddhistes mènent dans ces grottes une vie austère, à la poursuite de l'illumination.
Les représentations artistiques - sculptures et peintures qui décrivent la vie et l'œuvre de Siddhartha Gautama, le Bouddha historique- offrent un support matériel à la dévotion collective ou privée.
Les grottes sont plusieurs fois dégradées, par les musulmans, puis les russes blancs, qui au début du XXe siècle, s’en servent de refuge.
La révolution culturelle épargne le site, probablement grâce à l'intervention de Zhou Enlai.
Le sanctuaire de Yungang (province du Shanxi)
La construction du sanctuaire rupestre du royaume des Wei, date de 460. Quarante années sont nécessaires pour tailler dans le grès, treize statues colossales du Bouddha.
La conception globale de l’œuvre est nettement inspirée par l’art sérindien, mais les détails sont typiquement chinois.
A partir de 500, les lignes s'allongent et le plissé des vêtements prend de l'importance, les visages deviennent plus anguleux avec un nez est pointu, la fente palpébrale se rétrécit et les commissures des lèvres se relèvent.
Vers 540, les formes s'affinent, le visage s’affine et les yeux sont quasiment fermés.
Les travaux s’arrêtent brusquement en 494 lors du transfert de la capitale à Luoyang.
Les grottes de Longmen (province du Henan)
La construction des grottes débute en 493.
Les sculpteurs de Longmen adoptent un style indépendant de toute influence étrangère. La pierre calcaire du site, se prête mieux qu'à Yungang à une taille fine, et permet une évolution stylistique intéressante, lignes verticales, symétrie, traitement des plissés, et angles aigus.
Les visages s’amenuisent, les corps s'allongent et s’estompent sous l'amoncellement des plis tubulaires du manteau.
L’évolution ultérieure conduit, sous les Tang, à un art statuaire massif et puissant, qui intègre le naturalisme de l’art Gupta, à des effets graphiques dans la plus pure tradition chinoise.
Le site est vandalisé au début du XXe siècle. De nombreuses statues sont déplacées vers des musées internationaux, ou mutilées pendant la révolution culturelle.
L’architecture bouddhique
Le temple
Tous les temples bouddhiques chinois ont à peu près le même plan.
Le temple Shanhua de Datong dans la province du Shanxi, est un exemple type. Il a été fondé par l’empereur Xuanzong (712 – 756) de la dynastie Tang, puis reconstruit et restauré à plusieurs reprises.
Le temple est entouré d’un mur d’enceinte qui s’ouvre, au sud, par un pavillon d’entrée, placé sous la protection de quatre gardiens (parfois de deux), lui-même précédé d’un mur, interdisant l’accès aux mauvais esprits.
L’entrée donne accès à la première cour où se trouvent, le pavillon de l’est, celui de l’ouest, et au nord le pavillon « des Trois Saints ». Vient ensuite la seconde cour qui comporte, à l’ouest un petit pavillon dédié au bodhisattva Puxian, tandis que le pavillon « du Puissant Trésor » constitue le principal édifice de cet ensemble monastique.
La pagode
En Chine, le terme de pagode (ta) désigne un édifice en forme de tour, à toitures superposées, que l’on trouve dans les sanctuaires bouddhiques pour abriter des reliques.
En Inde, ce type d’édifice bouddhique est le stoupa, l’équivalent tibétain étant le chorten.
On trouve des pagodes à plan carré, hexagonal, octogonal ou polygonal. La pagode ne comporte pas de salle dédiée au culte, par contre, elle jouxte souvent un monastère.
La pagode du monastère du Palais de Bouddha (Fogongsi) de Yingxian dans le Shanxi, haute de 67 mètres a été construite en 1056. C’est la seule du pays qui soit entièrement réalisée en bois de sapin, et elle constitue, à ce titre, l’un des plus célèbres monuments de la Chine ancienne.