La dynastie des Sui (581-618)

L’empereur Sui Wendi, puissant général des Zhou du Nord, soumet les dernières dynasties méridionales. Fondateur de la dynastie des Sui, il met fin à quatre siècles de division, en imposant une politique d’austérité, ainsi que des réformes décisives et salvatrices.

Sobre et pragmatique, il initie la construction du Grand Canal, afin de permettre le commerce entre le nord et le sud, protège les frontières en restaurant et agrandissant la Grande Muraille, reforme le système de répartition des terres agricoles, et apporte son soutien à la diffusion du bouddhisme.

Cartographie de la dynastie Sui

La dynastie Tang (618-907)

La stabilité instaurée par les Sui, l’expansion territoriale vers l'Asie centrale, la sécurité accrue sur la route de la soie, ouvrent une période exceptionnelle par sa créativité, la diversité des formes nouvelles et leur perfection.

Chang'an, la capitale, devient la plus grande ville du monde médiéval, elle attire voyageurs, artistes, marchands et moines. Persans, Arabes, Indiens et Turcs s'y côtoient, et introduisent des modes de pensée, des religions (nestorianisme, mazdéisme, manichéisme, islam), des modes vestimentaires ainsi que de nouveaux motifs décoratifs.

Le règne de l’empereur Tang Taizong (v. 600 - 649) marque l’apogée de la dynastie, avant qu’une grande persécution menée contre le bouddhisme, ne mette un terme aux diverses expressions artistiques qui en découlent. Monastères, statues, objets de culte sont alors détruits. Moines et officiants sont rendus à la vie civile.

Tang Taizong

Les dynasties Sui et Tang. Les arts

En cette période de calme retrouvé, les arts s’épanouissent. Les artistes en intégrant les influences étrangères, développent un style sculptural nouveau, tandis que les peintres acquièrent les notions de perspective.

La poterie et la céramique atteignent des sommets de raffinement qui augurent le développement de l’industrie chinoise de la porcelaine. C'est une période artistique remarquable et incroyablement riche.

Peinture joueuse d'échec durant la dynastie Tang

La peinture

La peinture profane, domine les arts picturaux et voit apparaitre la « peinture de chevaux », ainsi qu’une nouvelle technique de représentation du paysage.

La peinture commence par ailleurs à être conceptualisée (traité sur la peinture de Wang Wei).

La « peinture de chevaux »

L’élite aristocratique voue un véritable culte au cheval et possède des montures de grande qualité. Le cheval dont on veut conserver l'image, n'est plus seulement un coursier entrainé pour la bataille, mais un animal de luxe, convoyé jusqu’à la capitale, depuis les régions lointaines du Ferghana et de Khotan. Les écuries impériales comptent alors quarante mille chevaux.

Les peintres, Chen Hong et Han Gan notamment, sont invités à faire le portrait des montures favorites du souverain. Ainsi la peinture qui témoigne de cet engouement, orchestré par l'empereur - polo, chasse, dressage - montre indirectement, que le cheval est devenu un signe de puissance et de richesse.

Peinture d'un cheval sous la dynastie Tang

Le « paysage monochrome à l’encre »

La valeur de cette technique nouvelle réside dans la qualité et la richesse des jeux d'encre, notamment les lavis.

Wang Wei, peintre, poète et musicien, son inventeur, s’intéresse par ailleurs à la notion de la perspective, conceptualisant, dans un traité, le principe selon lequel «l'idée précède le pinceau».

Wang Wei

Les arts décoratifs

Influencés par le Moyen-Orient, les arts décoratifs bénéficient d’une période prospère. Les artisans sont appréciés et reconnus par les élites, qui rivalisent d’intérêt pour l’art du métal, ou la céramique. Celle-ci se distingue par ses techniques particulièrement innovantes, et l’excellence de ses réalisations.

La « porcelaine xing »

La poterie fait la renommée de la Chine et commence à s'exporter largement, parfois jusqu'en Égypte.

Cette période voit apparaître dans la Chine du sud, une nouvelle technique, qui permet d’obtenir, grâce à la cuisson d’un mélange d’argile blanc et de feldspath, cuit à très haute température, la protoporcelaine.

Résistante, fine et translucide, à la surface lisse et blanche, qui évoque le jade, elle émet un son musical au choc. Ses formes les plus courantes sont les vases ou les théières à bec court, qui témoignent de l'importance de la cérémonie du thé.

Porcelaine Xing

Art du métal

Le début de la dynastie Tang est une des rares périodes durant laquelle les artisans métallurgiques ont développé une orfèvrerie de grande qualité, dans les régions de Chang'an et Luoyang, où étaient probablement situés les ateliers impériaux.

Cet artisanat très marqué par les influences occidentales et moyen-orientales, produit boîtes à cosmétiques, coupes, plats décorés avec des motifs animaliers et floraux.

L'art traditionnel des miroirs en bronze adopte également ces motifs, qui sont ciselés, gravés ou incrustés (argent, or, laque).

Miroir en argent

L'art funéraire

Les tombes impériales et celles des hautes lignées, fournissent une documentation de première importance pour la connaissance de la civilisation des Tang, son système social, ses croyances religieuses, son organisation politique et ses goûts artistiques.

Elles dérivent directement de la tradition des tombes impériales Han, avec quelques aménagements.

Les objets disposés dans les tombes visent, comme sous les Han, à assurer au défunt, le meilleur départ possible pour l'au-delà.

Nombre de céramiques sancai proviennent des manufactures d’état – guerriers, gardiens de tombes, esprits célestes bouddhistes, statuettes animalières du zodiaque.

Sous les Tang, les figures protectrices de grande taille sont souvent disposées en groupe, ou par couples.

Céramique
Joueuse de Polo datant de la période de la dynastie Tang

Les mingqi. Leur usage

Ces figurines en terre cuite, qui renvoient à des activités humaines, substitut d’animaux et de serviteurs (sacrifiés dans la tombe des défunts, aux époques archaïques) représentent chevaux, bâtiments, danseuses aux longues manches, musiciennes, dames de la cour aux coiffures et costumes sophistiqués, ainsi que tous objets de la vie quotidienne.

Déjà en vogue, sous les Han, elles sont sous les Tang, commandées dans des manufactures d’état, plusieurs centaines, voire milliers peuvent être déposés dans une seule tombe.

En céramique sancai, caractéristique de la céramique de cette époque , elles revêtent un aspect plus profane.

Mingqi datant de la dynastie Tang

Les mingqi. La technique

Pour la plupart de petite taille, les figurines, souvent monochromes sont moulées, corps et tête, séparément, avant d’être assemblées au moment de la commande.

Certaines figurines plus importantes - statuettes d'hommes, de chameliers, palefreniers, fonctionnaires civils, guerriers et gardes - protègent la tombe des mauvais esprits. Celles-ci sont en général, des céramiques à glaçure plombifère -trois couleurs «sancai », ou de couleur paille.

Les potiers apportent un soin particulier au rendu des attitudes des chevaux, très prisés sous les Tang. Racés, impétueux, harnachés, en liberté, montés par des guerriers, des fauconniers, des danseuses, des musiciennes ou des joueuses de polo, ils sont façonnés par milliers.

Disque de jade

Les objets protecteurs en jade

Nombreux dans les tombes de l'antiquité chinoise, les disques bi sont toujours populaires sous le Tang. Ils sont le plus souvent gravés de créatures mythologiques, dragons et phénix.

Des épitaphes relatant la vie du défunt, notamment, statut et carrière, sont gravés sur des tablettes.

L'art bouddhique

La capitale Chang’an devient un centre important du bouddhisme, qui essème ensuite vers la Corée et le Japon.

L'art bouddhique se développe de façon remarquable et spectaculaire, notamment l’art rupestre, le long de la route de la soie, jusqu'à la grande proscription de 845.

La sculpture

Après une période de transition sous les Sui, la sculpture bouddhique évolue vers une expression plus réaliste. Les influences étrangères indiennes notamment, la font évoluer vers une forme plus classique. Les statuettes, en bronze doré, qui sont parvenues jusqu’à nous et témoignent des apports indiens de l'époque Gupta – divinités au visage arrondi, empreint de douceur et de sérénité- sont représentées dans des poses sensuelles.

Bouddha Locana

L’architecture

Ardent défenseur du bouddhisme, l’empereur Wendi (581-604) commandite la construction de monastères dans toutes les provinces, ainsi que la réalisation de sculptures en bronze doré, en bois de santal ou en pierre.

Mais en 845, l'empereur Wuzong interdit toutes les religions étrangères, dont le bouddhisme, afin de promouvoir le taoïsme. Il confisque les possessions bouddhiques, fait détruire les temples. De la période médiévale, seuls deux temples subsistent, tous deux dans le Shanxi, à Nanchansi et Foguangsi.

Empereur Sui Wendi